Monsieur le Président,
La réunion de ce jour portera notamment sur l’examen des comptes du premier semestre.
Comme souvent, la situation est complexe. Pour la résumer simplement, nous dirions que :
· Côté Falcon, les prises de commandes déclinent et le carnet de commandes baisse à 75 avions.
· Côté Rafale, le carnet de commandes s’étoffe encore et l’activité reste très importante.
Et, malgré l’importante contribution de Thales dans les résultats (>60 %) et les revenus générés par le placement de la trésorerie, les résultats à mi-année sont en baisse.
La CFDT s’inquiète donc de l’efficacité de nos activités « cœur de métier » et des perspectives à moyen et long terme.
Notre inquiétude concerne notamment le partenariat stratégique avec l’Inde et ses conséquences.
En juillet, vous aviez indiqué que le partenariat avec TATA devait permettre la fabrication de pièces primaires et des assemblages T12, T34 et T56 du Rafale à Hyderabad.
Il était également question de se doter d’une capacité complémentaire aux chaînes françaises pour fabriquer les tronçons des Rafale de l’Armée de l’Air indienne.
Pourriez-vous informer les élus du CSE Central quant à la répartition envisagée des charges d’étude, de fabrication et de suivi des non-conformités entre la France et l’Inde en cas de nouvelle commande d’exportation autre qu’Indienne ?
Nous notons par ailleurs que ce partenariat « stratégique » n’apparaissait pas dans les « orientations stratégiques » présentées en début d’année...
Pour la CFDT, l’entreprise traverse une période de restructuration qui ne dit pas son nom.
Nous basons ce constat sur l’importante externalisation du travail sous toutes ses formes.
Ainsi, en 2024, près de 70 % de nos fabrications étaient réalisées par des coopérants et sous-traitants, un record !
Nous basons ce constat sur votre revirement quant au télétravail, alors même que l’externalisation du travail, le travail à distance ou sur plusieurs sites est en croissance.
Nous basons ce constat également sur l’absence de transparence quant aux « orientations stratégiques » présentées chaque année.
Celles-ci n’ont jamais évoqué :
· Votre volonté de racheter pour 263 millions d’euros les terrains et bâtiments d’Argonay, Mérignac, Martignas et Saint-Cloud fin 2020.
· Votre volonté d’acheter 24 hectares entre Mérignac et Martignas fin 2022.
· Votre volonté de signer des accords de transfert de production avec l’entreprise TATA cet été.
· Votre volonté de devenir majoritaire et de prendre le contrôle de DRAL en septembre 2025.
Pour la CFDT, la priorité est la préservation de nos bureaux d’études et de nos usines de fabrication françaises.
C’est pourquoi nous interrogeons les élus du CSE Central sur la nécessité d’une procédure de droit d’alerte économique.
Un regard expert, extérieur et indépendant nous semble nécessaire pour éclairer les élus et mieux appréhender les conséquences à moyen et long terme sur la stratégie de l’entreprise.
Si pour la CFDT la stratégie de l’entreprise n’est pas claire, certaines choses nous semblent limpide :
Le niveau de formation est préoccupant.
La tradition du compagnonnage disparaît peu à peu au profit du SPO (Système de Performance Opérationnelle), qui est vu comme l’alpha et l’oméga.
Les nouveaux embauchés sont formés de manière trop rapide. Ils sont trop vite « lâchés » sans soutien suffisant, et trop vite contraints aux heures supplémentaires et au travail en équipe.
Dans le pire des cas, ils sont parfois même, après leur formation, propulsés dans la situation d’être eux-mêmes formateurs/tuteurs sans disposer de l’expérience nécessaire.
Cela a pour conséquence un impact direct sur la non-qualité.
Pour la CFDT, il faut instaurer une véritable reconnaissance du statut de tuteur/formateur et de leur polyvalence.
Monsieur le Président, la réindustrialisation, que vous appelez à juste titre de vos vœux, doit passer par un effort dans des formations de qualité, sur un temps suffisant.
Enfin, la CFDT voudrait mettre sur la table un sujet que d’autres Organisations Syndicales voudraient cacher : l’évolution de carrière des représentants du personnel.
Aujourd’hui, notre accord de droit syndical prévoit que « […] les augmentations salariales répondent aux mêmes critères que pour les autres salariés ».
Or, la Direction a changé unilatéralement les règles cette année en distribuant aux représentants du personnel des AI équivalentes au montant du budget NAO et cela, sans aucun lien avec leurs compétences et/ou leurs engagements démontrés.
Pourquoi ?
Officieusement, les Directions locales indiquent suivre un arrêt de la Cour de cassation de janvier pour réinterpréter leur notion de suivi de carrière des représentants du personnel.
La CFDT n’a rien à cacher aux salariés.
Nous ne voulons ni être mieux traités que les salariés, ni discriminés pour notre engagement.
En transparence, nous demandons que la Direction informe officiellement les élus et les salariés sur les nouvelles règles, critères et modalités de suivi de l’évolution des représentants du personnel.
En cohérence, nous demandons un avenant qui clarifie officiellement les choses dans l’accord de droit syndical.
Enfin, nous réitérons la nécessité de la création de fiches emplois « représentant du personnel » en fonction de la nature de leur mandat.